Mes recherches se situent à la croisée de l’histoire des techniques et de l’histoire sociale. Mes travaux ont connu deux phases, toutes deux liées à la matérialité et aux objets, afin de les utiliser comme des sources historiques, mais aussi de les valoriser en tant que patrimoine. Dans le cadre de mon master, je me suis intéressée aux instruments médicaux présentés à l’Académie de médecine de Paris entre 1836 et 1914. En partant des objets et en les croisant avec des sources écrites, telles que leurs descriptions par leurs inventeurs dans le périodique de l’institution, j’ai pu écrire, d’une part, une histoire matérielle et technique de la médecine, qui renouvelle l’historiographie traditionnelle de cette discipline et, d’autre part, une étude de l’expertise technique de l’Académie en interrogeant son rôle de promoteur de l’innovation.
Pour ma thèse de doctorat, j’ai travaillé sur le temps, à travers la culture de sa mesure et au moment où les montres et les horloges se multiplient, à savoir au XVIIIe siècle. Pour étudier sa diffusion, j’ai interrogé, d’un côté, son intériorisation et, d’un autre, sa dimension praxéologique. J’ai choisi les transports terrestres comme observatoire des usages du temps mesuré mécaniquement. J’ai ainsi écrit une histoire du temps et des circulations, conjuguant l’étude des innovations techniques (horlogerie, aménagements routiers, véhicules) à celles des politiques publiques et des attentes des acteurs individuels, marchands, consommateurs, voyageurs, apportant ainsi un éclairage complémentaire de celui de l’histoire sociale du temps, souvent abordée sous l’angle du travail. Un ouvrage issu du manuscrit de la thèse est en cours de préparation et paraîtra en 2024 aux Presses des Mines.