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Solène Baron

Docteure

Ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, agrégée d’histoire (2016), docteure en histoire médiévale (2023).

Situation actuelle : ATER à mi-temps à l’Université d’Évry depuis 2022.

 

 

Thèse soutenue en 2023, sous la direction de Didier Lett et Véronique Rouchon (Université Lumière Lyon 2), intitulée « “Troys seurs de noble lignaige” : commande, réception et usages des images de la parenté du Christ (France, XIIIe siècle-milieu du XVIe siècle) ».

Entre les XIIIe et XVIe siècles, les images de la parenté christique ont peu à peu migré des sommes théologiques vers les multiples supports de commande privée. Les diagrammes généalogiques ont cédé la place aux images dévotionnelles. À partir du XVe siècle, en France, les thèmes iconographiques que sont, par exemple, Sainte Anne trinitaire, les Trois Maries ou la Sainte Parenté, ont suscité un intérêt plus marqué auprès de commanditaires laïques ou ecclésiastiques, nobles ou bourgeois, hommes comme femmes. Cette thèse a mis au jour la nature réflexive de ces images et de leurs usages. Cet aspect a été étudié selon trois perspectives distinctes : celle de l’histoire des pratiques dévotionnelles et de l’anthropologie de la mort ; celle de l’histoire sociale de la parenté dans les milieux aristocratiques ; enfin, celle de l’histoire politique, dans les milieux royaux et princiers.
L’intérêt tardif pour la parenté christique est étroitement lié aux mutations de la pratique dévotionnelle au bas Moyen Age, pratique à la fois intériorisée, incarnée et émotionnelle. Face à la mort, la parenté du Christ suggère ainsi la permanence consolatrice de la cohésion familiale dans l’au-delà, à l’instar des portraits dévotionnels de famille, dont le développement aux XVe et XVIe siècles est concomitant.
Bien des familles tiennent une part de leur pouvoir, de leur prestige social et de leur fortune des alliances hypergamiques conclues par des aïeux masculins. En cela, la parenté du Christ, qui fait prévaloir les femmes, entre en correspondance avec les stratégies familiales des commanditaires et leurs représentations de la parenté. Les saintes servent ainsi d’activateur mémoriel dans des maisons aristocratiques où les apports féminins (économiques, politiques ou symboliques) sont particulièrement remarquables.
Dans les milieux royaux et princiers, la parenté féminine du Christ est invoquée pour favoriser la conception d’un héritier, ou appuyer des prétentions dynastiques durant les crises successorales. Elle se teinte d’une tonalité polémique dans le contexte de l’exclusion des femmes du trône royal de France, les rois anglais instrumentalisant la Vierge pour défendre leurs prétentions à la couronne française. Néanmoins, des reines ou des parentes de rois trouvent en Anne, la Vierge et ses sœurs des figures adéquates pour définir leur place à la cour et dans la dynastie royale.

 

Articles parus :

« Marie de Valois et ses descendants, ou l’honneur d’être bâtarde (XVe siècle) », Clio. Femmes, genre, histoire, n°56, 2023, p. 273-296.
« Macé Prestesaille (fin du XVe siècle) : veuf éploré, père solitaire », dans Juliette Eyméoud et Claire-Lise Gaillard (dir.), Histoires de célibats du Moyen Âge au XXe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 2023, p. 29-40.