Axe 2 : Genre et diversités

L’axe 2 est orienté vers des questionnements d’histoire sociale et culturelle, du XIIe siècle au début du XXIe siècle dans une perspective comparatiste (Europe, Amériques, Afrique anglophone, etc.). Il regroupe les chercheur-e-s travaillant sur le genre, tradition très ancienne et pionnière à l’Université de Paris-Diderot (histoire des femmes, du féminisme, des sexualités, théorie queer, transgenre etc.), les phénomènes d’inclusions et d’exclusions des minorités marginales ou marginalisées (histoire de l’exclusion sociale, biologisation des rapports sociaux : racisme, eugénisme, handicap), et les sociétés esclavagistes coloniales et postcoloniales.

Direction par intérim : Anaïs Albert et Stéphanie Chapuis-Després

Dans une approche critique, les chercheur-e-s appartenant à cet axe, veulent croiser les savoirs et dépasser le caractère, le plus souvent réducteur, des frontières, des catégories, des identités artificiellement construites. Ils cherchent aussi à élaborer, dans la longue durée, une typologie des « régimes de genre », définis comme des agencements particuliers et uniques des rapports de sexe dans un contexte historique, documentaire et relationnel spécifique.

Thématique 1 – Biologisation des rapports sociaux
Le GRER (Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme) développe depuis 1997 des études autour des discours et des pratiques d’exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d’ancrage. Il organise un séminaire bimensuel, des journées d’étude annuelles sur les questions associant genre et « race » en lien avec la SAGEF (Société Anglophone sur le Genre et les Femmes) et sur le handicap en collaboration avec le PEFH (Pôle Egalité Femmes Hommes) et le relais handicap de l’université Paris Diderot.

Thématique 2 – Genre, statuts sociaux et conflits
Durant très longtemps, les historiens ont été assez indifférents aux différences. Fort de ce constat, les chercheurs de l’axe 2 s’intéressent à tous les acteurs sociaux dans leur diversité, également à ceux et celles qui sont moins bien éclairés traditionnellement par l’historiographie : enfants, femmes, « petit peuple », etc. Le genre, en ce qu’il permet de dénaturaliser les catégories, d’interroger masculinités et féminités, est un outil particulièrement efficace pour lire le social en l’articulant sans cesse aux autres formes de différentiations sociales (âge, statut social, position dans la parenté, etc.). Dans une optique interactionniste, un intérêt particulier est porté aux conflits sociaux dans toutes leurs formes d’expression (des plus souterraines aux plus bruyantes, visibles et violentes). Dans ces perspectives, les chercheur-e-s de cette thématique travaillent sur les violences sexuelles à l’encontre des femmes et des enfants à la fin du Moyen Âge, sur l’intersection du genre et de la classe sociale à l’époque contemporaine, particulièrement à travers l’étude des rapports de genre à l’intérieur des classes populaires, sur les temps de guerre et de conflits ainsi qu’aux sorties de guerre, qui constituent des périodes particulièrement troublées dans les relations de genre, oscillant entre expérimentation, misère et violence sexuelles, et qui fonctionnent comme des révélateurs de la variabilité du genre et des sexualités.

Thématique 3 – Histoire sociale des mécanismes d’exclusion et d’intégration
Comment les différentes sociétés incluent-elles et excluent-elles les populations considérées comme marginales ? Cette question qui a été centrale dans les travaux d’histoire sociale menés à Paris Diderot depuis longtemps, est abordée par les chercheurs actuels du laboratoire sur leurs terrains respectifs. L’idée est de comprendre comme on fait société malgré les différences et les hiérarchies. Les questions du droit et de la justice, de la religion, de la consommation sont sollicitées pour rendre compte des mécanismes d’intégration et d’exclusion dans les différentes sociétés étudiées. Un intérêt particulier est porté aux phénomènes d’agentivité (agency), aux marges de manœuvres des populations subalternes, tout en s’intéressant à la dimension institutionnelle (Etat, économie, Eglise qui a un rôle central dans certaines sociétés) de cette double mécanique sociale, intégrer tout en excluant, exclure tout en intégrant. Dans cette optique, les sociétés coloniales et esclavagistes, composées de groupes ethniques et de statuts juridiques divers, fonctionnent comme des laboratoires pour l’analyse de ces mécanismes. Ces dynamiques se prolongent dans la durée et sont analysées pour des sociétés post coloniales dans une approche comparée Amérique du Nord, Amérique latine. L’Europe occidentale des tournants du XIXe et XXe siècles est aussi un terrain privilégié pour cette thématique avec l’étude des classes populaires et de leurs modes d’intégration, à partir des questions de la justice ordinaire et de la consommation. La comparaison des différents terrains a une réelle valeur heuristique, permettant des croisements de questionnements et de méthodes.

Projets – Thématiques transversales

  • « Les mots du genre », construction et circulation des savoirs sur le genre : Le genre et la sexualité apparaissent comme des catégories « utiles » (Joan W. Scott), mais aussi récalcitrantes pour l’historien.ne, en ce qu’elles mélangent libéralisation et répression, consentement et violence, privé et public. Relationnelle, multidimensionnelle et «intersectionnelle », l’histoire du genre intègre différentes formes de domination (des hommes sur les femmes, de certains hommes sur d’autres hommes mais aussi rapports de domination sociale et raciale). En rapport avec des contextes documentaires spécifiques, l’histoire du genre permet de penser la « consubstantialité » des processus de hiérarchisation, de normalisation et de marginalisation. Les réflexions développées ici concernent les « régimes de genre » et les « mots du genre ».
  • Mise en place à partir de 2018, d’une journée d’études annuelle « Afrique du Sud ».
  • Automne 2018 : événement scientifique international autour des 20 ans du GRER et de la publication des 50 numéros de la collection « Eugénisme et Racisme ».
  • Les rites d’intégration (Carnaval, fêtes, etc.) et de réintégration (affranchissement, légitimation).

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